Retour

À Moscou, je picolais,
à Paris, je me suis butté.

Zurich Lake, 2024 © Vania Volkov

Vania Volkov

Exposition
Du 30 janvier au 5 février 2025
Sous le commissariat de Nassibakhon Taïrova

Vernissage, concerts et DJ set
Vendredi 31 janvier de 18 h à 22 h au Studio Albatros
avec la participation de Swim Soul, TriLL, Mostocsi, YOCX, Takeshi HeartBreak et Cotton Pills

Vania Volkov : Une esthétique de la dissonance
L’exposition de Vania Volkov, À Moscou, je picolais, à Paris, je me suis butté, constitue une réflexion artistique riche en tensions, où le passé inachevé
d’un artiste émigré entre en collision avec un présent tumultueux et souvent implacable. Cette collision se traduit par une exploration à la fois viscérale
et conceptuelle de l’identité, de l’exil et de l’esthétisation de la banalité urbaine. À la croisée de l’intime et du politique, Volkov brouille les frontières entre
la peinture, la littérature et le cinéma, engageant un dialogue fructueux et parfois insolent avec les canons de l’histoire de l’art.

Paris : décor ou défi ?
Le regard de Volkov sur Paris est sans concession mais garde une touche juvénile et naive. À l’instar des impressionnistes qui, au XIXe siècle, ont peint un Paris transformé par Haussmann, ou des photographes de la Nouvelle Vision comme Brassaï, qui ont capturé l’ambiguïté de ses ruelles nocturnes, Volkov interroge la banalité esthétique de la capitale. Cependant, contrairement à ses prédécesseurs, il ne cherche ni à sublimer ni à capturer une beauté idéalisée. Son Paris n’est pas celui des cartes postales, mais un espace saturé de clichés et de contradictions. Comment représenter une ville où la beauté est industrialisée, digérée, recyclée, et revendue sous forme de porte-clés et de mugs ? Les œuvres de Volkov répondent par l’ironie et la provocation : des peintures-textes où le lyrisme cohabite avec la rudesse, évoquant les intertitres des films muets ou les aphorismes acides de Marcel Duchamp. Il transforme ainsi le langage, qu’il soit visuel ou verbal, en un outil de déconstruction et de réflexion.

Le bilinguisme comme praxis artistique
Le travail de Volkov s’inscrit dans une longue tradition d’artistes explorant les tensions linguistiques, à la manière de Joseph Kosuth, pour qui le langage devient un objet en soi.
Pour Volkov, cependant, cette exploration est profondément personnelle. Ses peintures bilingues en français et en russe traduisent le déchirement de l’artiste émigré : apprendre une nouvelle langue revient à se réinventer tout en luttant contre la perte de soi. Ce conflit interne se manifeste dans une série d’œuvres où le texte, tantôt poétique, tantôt brutal, accompagne des compositions visuelles dépouillées mais puissantes.

Entre tragique et comique : la dialectique de l’exil
Loin de se complaire dans une vision misérabiliste de l’émigration, Volkov injecte dans son œuvre une énergie irrévérencieuse et un humour mordant. Le titre de l’exposition, par son caractère volontairement provocateur, illustre cette posture. Il évoque un processus de transformation inachevée, une lutte permanente entre l’appartenance et l’aliénation.

Canal, 2024 © Vania Volkov

« Je picolais à Moscou » fait écho au passé dionysiaque de l’artiste, une sorte de carpe diem post-soviétique. « Je me suis effondré à Paris » marque la prise de conscience brutale et irréversible d’un nouveau monde, régi par des codes sociaux, linguistiques et esthétiques qui semblent parfois oppressants. Dans cette dialectique, on retrouve une sensibilité proche de celle de Francis Bacon, pour qui la déformation du réel traduit un désarroi existentiel. Volkov, cependant, ajoute à cette tradition une dimension politique et contemporaine, révélant les tensions du précariat et les fractures invisibles de nos sociétés.

Une provocation nécessaire ?
Vania Volkov incarne une figure essentielle de l’art contemporain, celle d’un provocateur poétique et incisif. Sous la surface parfois rugueuse de ses œuvres se cache une réflexion conceptuelle d’une rare finesse. Il invite à repenser les récits esthétiques dominants, à confronter les clichés et à faire de l’art un espace de dialogue critique.
Alors, faut-il prendre ses œuvres au sérieux ? Absolument. Mais un sourire en coin, comme le sien, ne serait pas de trop pour les apprécier pleinement.

L’ARTISTE

ŒUVRES ET PRÉSENTATION

STUDIO ALBATROS

52, rue du Sergent Bobillot
 93100 Montreuil

Métro 9 : Croix de Chavaux

Horaires d’ouverture :
Lun. – Ven. : de 15 h à 19 h
Sam. – Dim. : de 14 h à 18 h